Le gecko léopard : le maintenir dans les meilleures conditions ...

Tout d'abord, corrigeons une idée reçue:
Un souriceau de quelques jours n'est pas une source si riche en calcium qu'on pourrait le croire, son rapport Ca/P est d'environ 1/1.
Certes, c'est plus riche qu'un grillon ou autre insecte, mais plus pauvre qu'une souris adulte (rapport Ca/P 1,4/1). Le taux de calcium d'un souriceau augmente avec la croissance et la calcification de son squelette.

Néanmoins, les souriceaux (et autres jeunes rongeurs comme les ratons, jeunes gerbilles, etc.) ont la réputation d'être un aliment complet, en vertu du principe qu'il est plus facile d'assouvir ses besoins métaboliques de vertébré en mangeant d'autres vertébrés a fortiori entiers et c'est vrai en théorie. Mais attention, il faut s'assurer que c'est en adéquation avec le régime alimentaire typique de l'animal.
En effet, il est trop facile de se dire que si un lézard, un amphibien ou une tortue est assez grand pour avaler un souriceau et apprécie cette nourriture, ça ne peut qu'être bon pour lui. Pourtant, un Gecko léopard, une rainette de White, une Pelomedusa subrufa voire un grand reptile comme Physignathus cocincinus sont avant tout des insectivores (se nourrissant d'invertébrés au sens large).

Dans la nature, le Physignatus cocincinus se nourrit peu de vertébrés, Eublepharis macularius encore moins.
On peut se demander : en quoi est-ce un drame de nourrir son dragon d'eau de souriceaux s'il aime ça et est capable de les avaler? Parce qu'un reptile ou un amphibien ne sait pas ce qui est bon pour lui à plus ou moins long terme, il réagit dans l'instant. C'est pécher par anthropomorphisme que croire que si un reptile aime quelque chose c'est en toute connaissance de cause et de conséquences sur sa santé. D'ailleurs, sommes-nous sûrs que tous les humains sont conscients que ce qu'ils mangent est bon pour leur santé?

A voir les problèmes de diabète, d'obésité et autres maladies alimentaires se multiplier, on peut en douter. Alors, évitons d'attribuer à un reptile des concepts que nous-mêmes ne maîtrisons pas forcément.
Seconde raison, plus rationnelle celle-ci et strictement nutritionnelle, c'est que les souriceaux et autres jeunes rongeurs sont une nourriture trop riche pour un métabolisme adapté à digérer des invertébrés. Dans un insecte, il y a beaucoup à jeter : la chitine par exemple qui constitue la "carapace"des insectes est plutôt indigeste et en général rejetée telle quelle. Mais aussi difficile à digérer soit-elle, le système digestif des insectivores y est adapté et cette chitine joue un rôle primordial dans le transit intestinal un peu comme les fibres chez les végétariens ou les omnivores. Le problème est que la richesse et la haute digestibilité des souriceaux provoquent une assimilation excessive de nutriments aux quels leur métabolisme n'est pas habitué: c'est le "méga big hamburger - frites". Une alimentation constituée à trop grande quantité de souriceaux engendre vite des problèmes d'obésité et autres troubles.
A l'inverse, ne faisons pas un sort catégorique aux souriceaux. Il ne s'agit certainement pas d'une nourriture "interdite", mais l'ont doit garder la nature comme modèle. Plus l'espèce est grande plus elle a la possibilité de chasser des vertébrés, mais même de grosses espèces comme Varanus exanthematicus ou les grands crapauds restent fondamentalement insectivores, car selon leurs milieux ou leurs mœurs, ils ont peu l'occasion de <<croquer de la vertèbre>>. Chez les espèces de tailles moyenne (longueur museau-cloaque de moins de 25 à 30 cm comme Varanus acanthurus, E.macularius, Agama agama, etc.), la distribution de souriceaux doit rester très occasionnelle. Les espèces de grandes tailles (ex : P.cocincinus, Chlamydosaurus kingii, V.exanthematicus, etc.) doivent conserver une alimentation majoritairement constituée d'invertébrés, mais on peut régulièrement leur offrir des souriceaux, voire des ratons sans que cette part de vertébrés n'excède le tiers de leur alimentation (valeur générale ne tenant pas compte des spécificités de chaque espèce). Seuls les grands carnassiers comme les grands varans (V.niloticus, V.indicus, V.salator), les grandes tortues aquatiques (Chelydra ssp., Apalone ferox...) ou les crocodiles peuvent être nourris en majorité de vertébrés, mais il faudra varier les plaisirs, car vertébré ne veut pas dire seulement rongeurs : les poissons frais par exemple peuvent aussi faire partie du menu.

Les souriceaux ont néanmoins l'avantage d'être facile à trouver, de se conserver au congélateur et sont en général très appréciés. Certains lézards ou amphibiens ne s'intéresseront qu'aux souriceaux vivants et les âmes sensibles préfèreront tourner la tête, mais beaucoup prennent rapidement l'habitude de saisir le souriceau mort que l'on agite au bout d'une pince. Ca reste un aliment complémentaire riche, complet et apportant de nombreuses protéines, vitamines et autres nutriments hautement assimilables. Rien de tel pour retaper un animal convalescent ou une femelle en gestation ou qui vient de pondre!

Article de Vincent Noël - ReptilMag

Dans la nature, le régime alimentaire du gecko léopard est très varié, puisqu'il dispose d'une grande variété de bestioles à se mettre sous la dent. En captivité, cette diversité est très réduite. C'est pour cela qu'il faut essayer de varier au maximum les proies offertes a nos lézards.

Les grillons, criquets migrateurs et blattes (dubias, red runners, cynerea ...) sont les insectes que l'on trouve le plus facilement dans le commerce. Ils constituent tout trois une excellente nourriture de base pour nos lézards. En plus de ces trois "classiques" vous pouvez tomber sur d'autres insectes un peu plus rares, qui satisferont surtout les juvéniles a cause de leur petite taille. La bruche du haricot fait partie de ces petits insectes. Ce sont ces bestioles  qui constitueront la base de l'alimentation des geckos léopards (par opposition aux vers, donnés en tant que friandises).

On trouve également dans le commerce un certains nombre de vers et de larve en tous genre, qui sont souvent très appréciés par nos lézards. D'ailleurs, si vous leur en offrez trop souvent, ils risque de ne plus rien vouloir manger d'autre : les vers sont bien plus facile a attraper que les insectes adultes, et souvent bien plus riches. Ils doivent donc être offert en tant que friandises aux animaux (1 a 2 fois par semaine maximum). Ces animaux peuvent être classés en deux groupes : les "mauvais" : teignes de ruche (trop grasse), vers de farine et morios (trop riche en chitine) ... Et les "bons" : vers pheonix, vers de terre, vers de beurre, proworm, ...

Une dernière source de nourriture pour les geckos léopard, adultes seulement, sont les jeunes souriceaux, appelées parfois pinkies. Cependant, ils ne sont pas vraiment très équilibrés (riches en graisse et pauvre en calcium), et peu adaptés au gecko léopard, puisqu'ils est insectivores. Les souriceaux sont cependant  souvent donnés aux femelles qui viennent de pondre, car ils leur permettent de reconstituer rapidement leurs réserves. Ils ont a donné maximum 1 fois par mois. 

L'aménagement du terrarium est un facteur très important, qui va déterminer beaucoup de choses, et notamment la sociabilité de votre lézard. Ainsi, le gecko léopard étant un petit lézard, il a besoin d'un terrarium bien garni, et il faut à tout prix éviter les espaces vides et à découvert, qui ferait stresser les animaux inutilement.

L'un des aménagements les plus important à fournir a votre lézard est une cachette. Plus précisément plusieurs : il faut compter une cachette par zone (froide et chaude) par individu. Soit 2 cachettes par animal, une dans la zone froide, l'autre dans la zone chaude. Le choix des cachettes se fera selon votre goût : écorces, empilements de pierres, cachettes préfabriquées achetées en animalerie ... Plus vous en mettrez, plus votre animal se plaire dans son terrarium.

Une fois les cachettes installées, sont necessaires encore 3 aménagements :

• Une boite à humidité (voir l'article "la mue")
• Une gamelle d'eau a changer régulièrement
• Une gamelle de calcium en poudre  (voir l'article "les repas")

Une fois tous ces éléments installés, laissez libre cours a votre imagination : roches, branches, plantes (fausse ou vivantes), feuilles mortes ...

On peut installer des plantes vivantes dans le terrarium des lézards, mais celle-ci ont souvent du ma a y survivre : luminosité faible, piétinement ... Cependant, si vous voulez essayer d'en installer, voici une liste de plantes potentiellement installable en terrarium :

• Lithops,
• Crassulas (privilégiez les variétés hobbit ou gollum),
• Hawortia,
• Aloès (sans épines),
• Aéonium,
• Adromischus ...

Avant d'installer vos plantes, passez les sous l'eau pour enlevez les traces éventuelles de produits phytosanitaires et autres traitements chimiques. Il vaut mieux garder les plantes en pot.

Si vous désirez installer des branches ou des pierres de l'extérieur, plongez les dans l'eau pour faire ressortir toutes les bestioles cachées à l'intérieur. Une fois sèches, vous pouvez les installer au sein du terrarium.

Le gecko léopard n'est pas un animal domestique, mais un animal sauvage : il faudra donc l'apprivoiser si vous voulez pouvoir l'observer et le manipuler sans qu'il se sauve a votre approche.

La sociabilisation de votre animal va commencer par une étape simple : lui montrer que vos n'êtes pas un prédateur; et qu'il n'a pas de raisons de fuir en votre présence. Pour commencer, contentez vous, le soir (puisque les geckos léopard sont majoritairement actif le soir) de rester dans la pièce ou se situe le terrarium, sans vous occupez de votre lézard. Au début, il risque fort de fuir dès que vous apparaîtrez dans l'encadrement de la porte. Il va finalement s'habituer a votre présence, et rester dehors quand vous serez dans la pièce en question.

Une fois cette étape franchis, il va falloir l'habituer a votre main : c'est avec votre main qu'il va quasiment tout le temps interagir. En vous mettant a la hauteur de votre lézard (la fait que vous ne le dominiez pas le rassurera) introduisez la main dans son terrarium, et laissée la dedans pendant une dizaine de minutes, sans faire de gestes brusques. Encore une fois, il ne fera probablement pas le fier au début. Peu à peu, il ne se méfiera plus de votre main, vous pourrez le toucher sans problème, et il risque même de venir lui même sur vous, attirer par sa curiosité. Vous pouvez d’ailleurs l'encourager en lui offrant une petite friandise (teigne de ruche, vers de farine ...).

Vous avez maintenant franchis l'étape la plus importante : il n'a plus peur de vous ! Vous pouvez maintenant commencer a le manipuler pendant de courtes périodes. Ne le manipulez pas excessivement, et trop longtemps, il risquerait de prendre peur.

SI vous suivez cette technique a la lettre, il y a de forte chance pour que votre animal devienne très familier. N'oubliez quand même pas que ce n'est pas un chien ou un chat, et que les températures ne nos habitations sont trop fraîches pour qu'il passe  trop de temps dehors.

Avant tout, il faut savoir que le gecko léopard est un animal nocturne : il dort le jour, et s'active la nuit (par opposition a nous, qui sommes diurnes). En captivité cependant, il arrive assez souvent de voir ces lézards sortir en plein jour. Mais ne vous attendez pas non plus a le voir tout le temps : ils passent la majorité de leur vie a dormir dans leur cachette (du moins, pendant la journée). Une fois la nuit tombée (et parfois un peu avant) ils s'activent : chasse, exploration, accouplement ...

Malgré cela, ce sont des animaux sociables, familiers, et facilement manipulables. A condition bien sur qu'ils y soient habitués et de ne pas être trop brusque. Retenez cependant que chaque animal a son propre caractère : certains accepteront facilement d'être pris, d'autre auront plus de mal. Le secret, c'est la patience !